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Histoire

Histoire

Un ordre hospitalier au moyen-âge, les chanoines réguliers de Saint-Antoine en Viennois

La pierre et l’écrit, Grenoble 1995

Adalbert Mischlewski

Entre fin du XIe et le milieu du XIIIe de nombreux démêlés eurent lieu entre les frères de « l’Aumône » , relevant de la règle de Saint Augustin, qui possédaient un seul oratoire et un hôpital pour les pauvres et les indigents d’une part, et les bénédictins de Montmajour qui tenaient le prieuré de Saint-Antoine, chef lieu de la paroisse. C’est le prieuré qui détenait les ossements et reliquaire de Saint Antoine, que les frères voulaient récupérer. Le litige entre les parties ne fut réglé qu’à partir de 1274 sous l’abbatiat d ‘Aymon de Montagne.

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Aymon de montagne :

27 mars 1274 les frères à st-Antoine élisent le précepteur d’Avignon, Aymon de Montagne comme leur supérieur. Il était d’une famille noble, originaire du petit village de Montagne, à 5 km seulement au sud-ouest du centre de l’Ordre, village dépendant de la seigneurie de Saint-Antoine et qui, depuis la donation de Gontard en 1083, était étroitement associé à la paroisse de Saint-Antoine. La réputation de cette famille, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Ordre, venait de grandir encore, car Geoffroy de Montagne, probablement le frère d’Aymon, après avoir été prieur de l’hôpital dans l’Ordre, puis favori du pape Urbain IV, fut nommé par ce dernier, évêque de Turin le 21 février 1264.

1286 il change la date du chapitre général qui passe du 17 janvier jour de la fête de Saint Antoine pour l’ascension. Il voulait ainsi recevoir le plus grand nombre possible de précepteurs ou grands maîtres de commanderies, le climat hivernal ne pouvant empêcher la tenue du chapitre.

1287 : lors du chapitre le débat et litige avec les bénédictins du prieuré est encore une fois débattu : Aymon présente une solution : racheter la seigneurie de Saint Antoine qui relevait alors d ‘Aynard de Châteauneuf. Celui-ci saisit immédiatement l’offre qui lui fut soumise

1289 Aymon obtient du pape que le prieuré de Montmajour soit réunie à l’hôpital ; il devient alors le supérieur direct des deux communautés régulières : celle des bénédictins et celle, obéissant à la règle de Saint Augustin.

Entre 1289 et 1313 Aymon est choisi pour être associé à de nombreux actes de gouvernement en qualité de conseiller ou de délégué ; entre autres : pour arbitrer le conflit latent entre les dauphins de Viennois et les comtes de Savoie ; à partir de 1293 il participe à toutes les négociations qui conduisirent à la signature d’un traité de paix à Saint-Jean de Moirans, le 27 mai 1293.

1290 nouveau revirement, le prieur de Montmajour n’est pas d’accord avec cette solution, il nomme à la tête du prieuré de Saint-Antoine, le frère d’Aynard. Bien qu’Aymon se soit préparé à un coup de force de la part de ses adversaires il ne put empêcher de violents combats et lui-même fut emprisonné.

23 novembre 1291 Aymon s’engage devant témoins et par contrat notarié à rétrocéder la seigneurie de Saint-Antoine.

9 novembre 1299 les nobles et juristes de toute la province sont réunis au couvent des franciscains de Romans par le dauphin Humbert 1er et l’archevêque de Vienne : l’acquisition de la seigneurie de Saint-Antoine fut confirmée ; le prix fixé à 15 200 livres viennoises. En échange d’une pension le nouveau prieur, Graton de Châteauneuf renonça à toutes ses prétentions. Les frères de Saint-Antoine pouvaient être satisfaits, toutefois leurs actions violentes furent punies : ils devaient supporter tous les frais des démarches, acquérir les fiefs relevant directement de la seigneurie à savoir Montagne et Beaufort. A la fin du mandat d’Aymon, vers 1316, l’endettement de l’ordre s’élevait à 48 000 florins or.

10 juin 1297 le pape Boniface VIII détache le prieuré de Saint-Antoine de la maison mère de Montmajour et l’unit à l’hôpital, lui-même élevé ensuite au rang d’abbaye. Pour dédommager le monastère de Montmajour, l’abbé de Saint-Antoine doit remettre une pension annuelle de 1 300 livres, à défaut de paiement l’abbé serait destitué.